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Détective privé, un métier à suivre …

Posté par Arnaud Pelletier le 9 mars 2009

Enquête. Rencontre avec un limier alors que se tiennent les états généraux de la profession.

DIDIER ARNAUD

Pas de bouteille de whisky dans son bureau. Pas d’imperméable gris sur la patère. L’entrée de son bureau, à Enghien-les-Bains (Val-d’Oise) est difficile à trouver. «Discrète», dit le détective Arnaud Pelletier, qui a monté l’agence Leprivé. Ils sont 1 500 comme lui en France. Aujourd’hui se tiennent à Paris les états généraux de la profession des «agents de recherche privée» (ARP).

Talkie-walkie. Les clients qui appellent Arnaud Pelletier ne laissent pas de messages. L’intimité va mal au répondeur. Le détective porte cravate sur chemise bleue. Autrement, le vêtement est plus ordinaire. Ses outils ? Ordinateur, voiture – «la plus passe-partout possible» – et appareil photo, dictaphone et le talkie-walkie «quand on est en double sur une affaire».

Le détective aime bien parler, mais juste ce qu’il faut. «Mes clients me demandent comment je fais. Le magicien, il ne dit pas comment il effectue ses tours.» Les femmes sont «plus efficaces» pour les enquêtes de voisinage, même si elles sont encore minoritaires dans la profession (80 % d’hommes). Mais, prévient Arnaud Pelletier, détective, c’est «un vrai métier avec des horaires compliqués». Ce qu’il ne fait pas ? «Tout ce qui porte atteinte à la vie privée.» Dans son bureau, un type ouvre une valise de billets, montre une photo en lui disant : «Je voudrais que cet homme disparaisse.» Un mari jaloux veut connaître la position de sa femme par géolocalisation. Un politique veut savoir des choses sur un concurrent. C’est non.

Ce matin-là, le détective répond à un de ses enquêteurs – ils sont une cinquantaine, rémunérés à la mission. «A quelle heure il est parti ce matin ? Il n’a pas bougé depuis ? Le véhicule est toujours garé devant. Est-ce qu’il a pu changer de voiture ? On reste en place jusqu’à 14 heures, et on fera un point après.» Dans la catégorie «professionnelle» – un tiers de son activité -, l’agence a traité le cas d’un entrepreneur dont l’ex-commercial ne respectait pas la clause de non-concurrence. Pour celui-là, l’affaire s’est terminée au tribunal. Au moment de la crise de la vache folle, l’agence a organisé des «trainings» de gestion de crise pour les responsables : comment mettre en place un numéro vert, s’exprimer sur un plateau télé. Depuis le krach boursier, une société leur a demandé de vérifier l’état de ses actifs financiers dans la banque, évaluer leur progression, réaliser un rapport journalier. L’agence dispose dans ces deux cas d’un vivier de «spécialistes». Elle effectue également des «enquêtes préembauche». Elles consistent essentiellement à contrôler la véracité des CV. Les enquêteurs sont tombés sur un type qui avait tout inventé, ses diplômes, et son identité.

Adultère. Récemment, une boîte de transport a appelé pour un camion volé avec un chargement de matériel technologique. Les enquêteurs ont retrouvé sa trace en réactivant des puces GPS, et une fois sur zone – une cité de la banlieue parisienne – ont planqué en attendant que les voleurs viennent se servir. La BAC (brigade anticriminalité), prévenue, a effectué l’interpellation.

Le second tiers de l’activité du détective concerne les particuliers (recherche de personnes, problèmes familiaux, solvabilité, adultère). Arnaud Pelletier : «La meilleure façon de savoir ce que fait quelqu’un, c’est encore de le suivre.» La filature, c’est de l’attente : «Pour avoir vingt secondes, il faut attendre huit heures.» Ce sont des parents qui s’inquiètent du changement de comportement de leur adolescent. «Il devenait agressif, ses parents se demandaient s’il n’avait pas de mauvaises fréquentations, s’il ne se droguait pas.» Ils découvrent que leur enfant se rend le soir dans un terrain vague et s’aperçoivent, grâce à une «infiltration» du détective, qu’il participe à des soirées sataniques où on sacrifie des poulets. Les parents préviennent la police. Il n’y aura pas de suite judiciaire. «Souvent, cela s’arrange», raconte Arnaud Pelletier.

L’adultère fait aussi bouillir la marmite du cabinet. «On suit la dame. Au lieu d’aller déjeuner avec une bonne amie, elle était à 60 kilomètres de là, au restaurant, avec un homme. Ils s’embrassaient généreusement.» Le détective constate qu’ils prennent une chambre à l’hôtel voisin. Tout sera soigneusement consigné dans le rapport, heure par heure, photos à l’appui. Cela pourra servir aux avocats.

Psychologie. Il n’y a pas deux histoires identiques. Souvent, le détective explique qu’il doit arrêter une enquête qui ne donne rien. Ainsi, cette vieille dame était persuadée que quelqu’un entrait chez elle pour la voler. Pure affabulation. Arnaud Pelletier confie faire preuve d’une certaine psychologie dans des affaires de garde d’enfants, avec soupçons de maltraitance. «Toute la difficulté est d’identifier ce qui est vrai.»

Au plan national, le marché est réparti entre 40 % d’affaires familiales et 60 % d’industrielles. Mais le dernier tiers de l’activité d’Arnaud Pelletier concerne l’intelligence économique. Le spectre est large : du client mystère, à l’analyse de ce que fait la concurrence, en passant par l’élaboration d’une stratégie pour s’implanter sur un marché étranger. Il y a aussi la protection et l’information. «Les PME sont négligentes sur leur information stratégique.» Il cite cette société qui venait de licencier un employé et s’inquiétait de ce que son concurrent lui pique ses clients. Après enquête, ils se sont aperçus que le type en préavis «vidait» le fichier client, pour l’entreprise concurrente qui allait l’embaucher à l’issue de son préavis.

Les tarifs varient entre 80 et 130 euros de l’heure, selon l’ancienneté du cabinet, le réseau et le positionnement commercial. Il faut compter entre trente et quarante heures de travail pour une enquête standard. «Il y a de moins en moins de margoulins dans le métier», assure Arnaud Pelletier. Il explique aussi que les enquêteurs se font rarement identifier pendant leur travail. Si, des fois, ça arrive: «On décroche si on voit que le gars nous a vus. Nous ne sommes pas des mercenaires, ni des fous furieux. Plutôt persévérants et discrets.»

http://www.liberation.fr/societe/0101513938-detective-prive-un-metier-a-suivre



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En 2022, les publications sont faite via mon compte de veilles en ligne : http://veilles.arnaudpelletier.com/
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