Archive pour la catégorie ‘Télévision’
Intelligence économique et PME …
Ali Laïdi journaliste et présentateur de l’émission intelligence économique sur France 24 a traité le sujet de l’entreprise PLYSOROL ancien leader européen du contreplaqué. Aujourd’hui, cette entreprise a perdu sa place de numéro un en Europe et ne compte plus que 250 salariés sur 490 auparavant.
L’entreprise PLYSOROL a été victime d’une stratégie de contournement menée par un investisseur chinois dans le but de récupérer ses actifs stratégique composés de 600 000 hectares de bois rares au Gabon.
Autrefois leader européen du contre plaqué aujourd’hui PLYSOROL est une entreprise affaiblie. Elle a perdu des parts de marché mais détient toujours ses actifs stratégiques.
Voir la vidéo :
En savoir plus :
Et
http://www.france24.com/fr/20101120-2010-11-20-1015-PME-proie-facile-mondialisation
Réseaux sociaux et vie privée, explications et conseils …
Dans une interview en direct accordée à canal plus pour l’édition spéciale, Arnaud Pelletier, directeur de l’Agence Leprivé, société de détectives, d’enquêtes et d’investigations, nous informe et alerte sur l’utilisation des réseaux sociaux. Un fois de plus, l’utilisation des nouvelles technologies, pratiques et ludiques, peuvent aussi, dans certain cas être une entrave aux libertés individuelles dans le cadre de la vie privée. Alors attention aux utilisations et les détournements possibles de tous ces nouveaux outils que sont les réseaux sociaux, bloging, microbloging, géolocalisation, messagerie instantanée, etc.
Voir l’interview de Canal Plus sur l’utilisation des réseaux sociaux :
Guillaume : de l’intelligence économique au Formule 1 …
Envoyé spécial, Jeunes : la galère du premier emploi
Un reportage de Jérémie Drieu et Johann Nertomb
Lors du dernier mouvement social, ils ont hurlé leur opposition à la réforme des retraites mais surtout leur inquiétude de l’avenir. Chez les lycéens et les étudiants, l’entrée dans la vie active suscite en effet de plus en plus d’angoisse et d’interrogations. Car aujourd’hui, en France, plus de 25% des jeunes sont au chômage et avec la crise, le temps d’accès au premier emploi stable est de plus en plus long pour tous, diplômés comme non diplômés. Alors pour comprendre pourquoi cette génération reste sur la touche, nous avons rencontré Guillaume et Juliette, bac +5 en recherche d’emploi depuis plus d’un an et condamnés aux petits boulots, Damien et Davina, deux jeunes sans qualification qui survivent entre chômage, formation et intérim. Nous avons aussi suivi le travail d’une coach, Manuela, qui a mis au point une méthode novatrice pour remettre en selle de jeunes chômeurs de la banlieue parisienne…
En savoir plus et voir le reportage :
http://envoye-special.france2.fr/index-fr.php?page=reportage&id_rubrique=1793
France 5 : LES NOUVEAUX DÉTECTIVES …
Détective privé sur France 5.fr
Durée : 52 minutes
Réalisateur : CAROLE CHEYSSON
Production : POISSONS VOLANTS (LES)
Participation : FRANCE TÉLÉVISIONS
Prochaine diffusion :
Vendredi 5 Novembre 2010 à 00:47
Formation universitaire obligatoire, agrément préfectoral, contrôle de la direction centrale du renseignement intérieur et, bientôt, dit-on, reconnaissance comme « auxiliaires de justice » : les détectives ont changé de visage.
Au-delà des adultères, leurs enquêtes s’étendent aujourd’hui des conflits familiaux à la fraude à l’assurance, en passant par le vol en entreprise, ou la surveillance préventive des employés…
Leurs compétences se sont multipliées à la demande de clients dont la suspicion est aiguisée par une société de plus en plus sécuritaire.
Sophie et Stéphanie, 23 ans, abordent la profession via leur cursus universitaire. Cours de filature et de psychologie du fraudeur sont au programme, avant d’intégrer un cabinet de détectives pour un stage.
Frédéric et Jérôme, plus aguerris, enquêtent déjà sur le terrain. En les suivant dans leurs exercices de filatures, ou lors d’une rencontre avec la « cible » pour trouver des preuves, le téléspectateur découvre une profession à l’éthique très personnelle, qui permet aux détectives de s’aventurer sur des terrains que la justice peine à atteindre.
http://documentaires.france5.fr/documentaires/les-nouveaux-detectives
Et aussi :
Le Figaro.fr
Loin du mythe, ce documentaire se penche sur les méthodes modernes des enquêteurs privés.
Il faut se faire une raison. Aujourd’hui, les détectives n’ont plus rien à voir avec les Rouletabille, Nestor Burma ou autres Jack Palmer, borsalino enfoncé jusqu’aux yeux, trench au col relevé, lunettes noires pour ajouter au cliché. Ils ressemblent à n’importe quel passant, sans signe distinctif, ce qui est justement l’objectif de tout bon enquêteur: savoir se fondre dans la foule pour mener une filature. Aujourd’hui, on ne s’improvise plus détective, on suit des études couronnées par un diplôme universitaire. Et si «dénoncer la mauvaise moralité des gens», comme le dit l’un d’eux, reste leur fonds de commerce, «les nouveaux détectives», pour reprendre le titre du documentaire de Carole Cheysson diffusé dans le cadre du magazine «Le Monde en face», foulent bien d’autres territoires. Ils enquêtent également dans le monde des entreprises, sur des litiges entre salariés et employeurs.
À l’université, on apprend aux étudiants les bases pour devenir un fin limier – «80 % de la réussite d’une mission dépend du premier entretien avec le client», «la filature est le point de départ de toute enquête», «un bon enquêteur doit savoir dire non, on n’est pas des James Bond on ne peut pas tout faire» – et les règles d’or à suivre – «la mission passe avant tout, on met de côté son petit confort, on est le plus naturel possible». Une fois leur diplôme en poche, les futurs experts de la planque font des stages dans des cabinets d’investigation. Comme Sophie, généalogiste de formation, ou Stéphanie, dont le père est à la Direction centrale du renseignement intérieur, toutes deux âgées de 23 ans.
«Faire une enquête, c’est comme chasser»
Carole Cheysson a suivi les deux jeunes femmes au cours de leurs premières filatures, cornaquées par des «pros» et deux détectives plus aguerris, Frédéric et Jérôme. «J’ai un parcours totalement atypique, explique ce dernier. J’ai été électricien sur des plateaux télé, employé dans une très grosse discothèque, j’ai vendu du fromage en Suisse et j’ai un BTS de commerce.» Son client l’a chargé de localiser une jeune femme qui lui a escroqué 70.000 euros, soi-disant pour ouvrir une pizzeria qui n’a jamais vu le jour.
L’aspect le plus intéressant de ce documentaire réside dans l’opposition entre la police et les enquêteurs privés. Ces derniers agissent quand il s’agit d’un contentieux civil ou commercial (domaine dans lequel la police n’a pas de pouvoir d’intervention) et il leur est interdit de toucher à ce qui relève du pénal. En théorie. Car souvent, une investigation peut conduire à empiéter sur le travail de la police. Et, comme le souligne Éliane Chantepie, présidente de chambre à la cour d’appel de Paris, «faire une enquête, c’est comme chasser. Quand on commence, on a envie de poursuivre. Le but est d’aboutir». Reste un autre paramètre primordial, peu présent dans le film, celui de l’argent. Avoir recours à un enquêteur privé coûte «très cher». Pourtant certains n’hésitent pas à sortir leur carnet de chèques, estimant que les détectives sauront mieux répondre à leurs demandes, car moins respectueux des lignes jaunes. D’autant que Google, Facebook et autre Twitter leur facilitent désormais la tâche.
Par Isabelle Nataf
La fraude gagne du terrain dans les entreprises.
C'est quoi l'E-réputation ?
Avez-vous une bonne E-réputation ?
Mieux qu’un long discours, une excellente émission sur la E-Reputation :
http://toutes-les-france.rfo.fr/index-fr.php?page=player_video&id_article=460
La sanction de l'adultère
L’article 212 du Code civil prévoit que les époux se doivent mutuellement fidélité, secours et assistance. Le devoir de fidélité n’est pas défini, mais la jurisprudence a eu l’occasion de préciser que celui-ci s’entend aussi bien de la fidélité au sens physique qu’au sens moral. Il y a par conséquent adultère non seulement en cas de relations physiques d’un conjoint avec un tiers, mais également en cas de forte intimité, même s’il n’y a pas eu de relation consommée. La jurisprudence a admis comme manquement à l’obligation de fidélité l’attitude provocante, la conduite légère ou immorale de l’épouse ou encore le comportement injurieux du mari qui sort avec d’autres femmes, sans pour autant qu’il y ait eu rapport physique avec une tierce personne, dès lors que les relations entretenues sont équivoques. Il en va de même de la recherche par petites annonces ou encore de l’utilisation de messageries instantanées sur internet.
L’adultère est concevable indépendamment de l’orientation sexuelle de l’individu qui le commet. L’infidélité physique s’entend ainsi aussi bien des relations sexuelles hétérosexuelles que des relations sexuelles homosexuelles.
La police va pouvoir pirater les ordinateurs des voyous
L’article sur «la captation de données informatiques» autorise en effet les OPJ «commis sur commission rogatoire à mettre en place un dispositif technique ayant pour objet, sans le consentement des intéressés, d’accéder, en tous lieux, à des données informatiques, de les enregistrer, les conserver et les transmettre, telles qu’elles s’affichent sur un écran pour l’utilisateur». Le tout «sous le contrôle du juge d’instruction».
Concrètement, la police judiciaire pénétrera chez le suspect aidée d’un serrurier, de jour comme de nuit. Elle posera sur sa machine une clé de connexion, sorte de clé USB qui s’enfiche à l’arrière ou, mieux, à l’intérieur, sur l’un des ports disponibles. Et le mouchard renverra les données vers les ordinateurs des autorités. Rien n’empêchera désormais la police d’installer à distance des logiciels pirates, sortes de chevaux de Troie, qui la renseigneront en temps réel sur tout ce qui entre et sort d’un PC ou d’un Mac.
Ce superpouvoir, que s’arrogent les services secret, sera bien sûr accordé à la PJ uniquement dans les affaires les plus graves (terrorisme, pédophilie, meurtre, torture, trafic d’armes et de stupéfiants, enlèvement, séquestration, proxénétisme, extorsion, fausse monnaie, blanchiment et aide à l’entrée et séjour d’un étranger), dès lors que les faits sont commis en bande.
Car aussi surprenant que cela puisse paraître, la justice, qui peut placer des caméras et des micros partout, n’avait aucun droit d’accès aux ordinateurs, sanctuarisés par un vide juridique. Certes, elle pouvait exiger des informations auprès des fournisseurs d’accès à Internet. Mais le résultat était parfois aléatoire. Surtout, elle ne pouvait pas capter les conversations des trafiquants qui communiquent désormais via leur ordinateur grâce au protocole du logiciel Skype, entièrement crypté.
La Lopsi de MAM fixe les nouvelles règles du jeu. Le service enquêteur doit préciser l’infraction qui justifie le recours à cette technique et le lieu ou elle va intervenir. L’espionnage pourra durer quatre mois, renouvelables une fois. Le mouchard pourra être posé dans un lieu privé, un véhicule, un bureau. A l’exception des cabinets d’avocats, de notaires, d’huissiers, de médecins et des entreprises de presse. Même interdiction concernant le domicile des magistrats, avocats et parlementaires.
Le juge des libertés et de la détention veillera au respect des procédures de pose et de récupération du matériel. Car il faudra revenir le chercher aussi discrètement qu’il fut posé.
Parmi la trentaine d’articles de la Lopsi 2, que Le Figaro s’est procurée (le reste concernant des adaptions à l’Outre-mer), figure une autre petite révolution : la gendarmerie va pouvoir faire tourner ses ordinateurs pour débusquer des suspects par rapprochement de fichiers concernant «toute infraction punie d’au moins cinq ans d’emprisonnement». Ces «fichiers d’analyse sérielle» doivent faire grimper le taux d’élucidation. Il suffira qu’un individu se soit trouvé à chaque fois ou presque là où une infraction a été commise, piégé par son mobile, sa carte bleue, un témoignage recueilli en procédure. Et son compte sera bon. Les délinquants multicartes suractifs sont dans le collimateur.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/05/24/01016-20090524ARTFIG00098-la-police-va-pouvoir-pirater-les-ordinateurs-des-voyous-.php
Le renseignement économique en marge de la loi
De plus en plus de professionnels de l’investigation pour les entreprises réclament un cadre législatif.
RENAUD LECADRE
Intelligence économique, vaste programme. En anglais economic intelligence («renseignement économique»), sa version française alimente la polémique depuis quinze ans. Elle recouvre des métiers (détectives, auditeurs, lobbyistes, stratèges en tout genre) n’ayant rien à voir entre eux. Pourtant la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, veut légiférer. Un an que ça dure, qu’on spécule sur une réglementation toujours reportée faute de consensus. Des années aussi que s’accumulent les coups tordus, les mises en examen.
L’espionnite a gangrené la vie des affaires. Au départ, ce constat : la guerre économique n’est pas qu’une simple expression. Qui dit guerre, dit renseignement. Mais à la différence de l’espionnage classique, de type Est-Ouest, apanage des Etats, le renseignement économique soulève une problématique privé-public. Alain Juillet, le Monsieur Intelligence économique du gouvernement depuis cinq ans (de Chirac à Sarkozy), le constate au moment de rendre son tablier et retourner dans le privé : «60 % du travail du MI6 britannique concerne le renseignement économique ; pour la CIA américaine, c’est 50 % ; contre 5 % en France.»
«Far West». Tout se règle à la bonne franquette, sans cadre réglementaire. Ce sont les grosses boîtes du secteur de l’armement qui travaillent main dans la main avec les services spéciaux. Mais ça coince au niveau des PME, pour lesquelles l’Etat incarne «le fisc, la douane et la répression», selon un spécialiste. Ce sont surtout d’ex-policiers, gendarmes ou militaires, qui pantouflent dans le privé. Au départ pour assurer la sécurité des locaux, puis pour donner dans le renseignement, forts de relations avec leur ancienne maison.
«Comme dans tout nouveau secteur, ça a été le Far West, reconnaît Alain Juillet. Mais il y a aujourd’hui des gens sérieux dont l’image collective est dégradée à chaque fois qu’un marginal fait n’importe quoi. Ils sont demandeurs de plus de contrôle.» Hervé Séveno, ancien policier ayant créé sa boîte d’intelligence économique (I2F), est vent debout contre «certaines relations à l’évidence incestueuses et malsaines».
L’été dernier, Alain Bauer, conseiller en sécurité proche de Nicolas Sarkozy, avait intrigué avec son idée de «guichet». Les entreprises pourraient-elles accéder aux fichiers confidentiels ? Il précise son propos : «Il doit pouvoir exister un point de rencontre entre les entreprises et l’Etat. Où une boîte puisse dire : « J’ai un problème, un Russe veut entrer dans mon capital, mon concurrent déverse ses déchets dans une rivière… » Mais l’Etat refuse de jouer au supplétif des entreprises, il se contente de compter les points, de sanctionner quand il peut.»
Un service public du renseignement dont les usagers seraient les entreprises ? Hervé Séveno s’en méfie : «Il y a des choses que l’Etat peut, sait et a le droit faire. C’est régalien, mais à chacun son métier. L’interlocuteur naturel des entreprises, c’est Bercy, pas un policier ou un militaire.» Benoît de Saint Sernin, créateur de l’Ecole européenne d’intelligence économique, milite également pour une «démilitarisation» du secteur. Pour cet ancien de Disney, «le concurrent n’est pas Astérix mais un séjour de trois jours en Corse ou un week-end low-cost à Prague». Il inclut volontiers le lobbying dans l’intelligence économique et pointe notre culture d’ingénieur : «Ce n’est plus seulement le meilleur produit au meilleur prix. Il y a aussi des réseaux, l’influence.»
Dérives. MAM est loin de ces considérations. Encore une loi de circonstance ? Le code pénal est amplement suffisant pour condamner les dérives barbouzardes. Sa réforme, incluse dans le projet Lopsi II (loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure), vise à réglementer les officines «dont l’activité principale est la recherche d’informations non disponibles qui ont une incidence significative pour l’évolution des affaires». C’est quoi une «information non disponible» ? Une «incidence significative» ? On comprend que la réponse tarde à venir.
http://www.liberation.fr/societe/0101566940-le-renseignement-economique-en-marge-de-la-loi
L'avenir de l'intelligence économique après le départ d'Alain Juillet
Mais la nomination d’un inspecteur général des Finances à ce poste est une démarche difficile car il reste à trouver la personne bien câblée au sein d’une corporation qui n’a pas la réputation de s’être remise en question sur la manière de penser la stratégie de puissance de la France. Alain Juillet fut le premier à le constater en rencontrant les représentants de la haute administration des Finances au début de son mandat. Ces derniers lui rappelèrent leur façon de penser en indiquant qu’il n’y avait pas plus de deux ou trois gros dossiers par an à traiter en matière d’intérêt national. Cette sentence était sans appel. Elle signifiait que la marge de manœuvre du nouvel HRIE allait être très étroite entre les sherpas de l’Elysée et les directeurs de cabinet des grands ministères qui se firent très vite représentés par des seconds couteaux dans les réunions interministérielles où étaient évoqués les dossiers à consonance intelligence économique.
Dans le passé, la tentative d’installer le pilotage de l’intelligence économique à Bercy donna lieu à deux précédents. Le recentrage de l’intelligence économique à Bercy avait déjà été tenté en 1995 quand Jean Arthuis dirigeait ce ministère dans le gouvernement Juppé. Cette première tentative fut en fait une régression puisqu’elle se substituait à la création du Comité pour la Sécurité et la Compétitivité économique, structure présidée par Edouard Balladur quand il était à Matignon. Lorsque Nicolas Sarkozy devint ministre de l’économie et des finances en 2004, il signa une lettre de mission pour le moins originale en nommant auprès de lui François Asselineau, membre du corps de l’Inspection générale des finances comme responsable de l’intelligence économique.
Pour la première fois apparaissait l’embryon d’une vision stratégique sur l’approche géoéconomique du monde et la prise en compte des stratégies d’accroissement de puissance des pays concurrents. Les directives fixées dans cette lettre ne furent jamais appliquée dans les faits. Le changement d’attribution ministérielle de Nicolas Sarkozy aboutit à la marginalisation de François Asselineau qui, dépité, quitta son poste sans avoir pu passer à l’action. « Jamais deux sans trois ? » dit le proverbe ? Telle est la question. Malgré les bouleversements générés par la crise du système capitaliste anglo-saxon et les nouvelles tensions géoéconomiques avec les puissances montantes comme la Chine, la Russie et l’Inde, la perception des rapports de force reste encore très traditionnelle dans la haute administration française. Cette dernière doute encore de la pertinence, voire de la légitimité du passage à un véritable processus de management de l’information pour conduire la politique économique de la France dans un monde de plus en plus incertain et conflictuel. Autrement dit, à moins d’un miracle, il n’y pas grand-chose à attendre d’un repositionnement de l’IE à Bercy.
Le bilan d’Alain Juillet résume bien les contradictions du système. L’Etat a initié une sensibilisation à l’IE à des niveaux de décision intermédiaires de plusieurs ministères. La sécurité économique est aujourd’hui prise en compte de manière pertinente par le Ministère de l’Intérieur. Des ministères techniques comme l’agriculture ont intégré l’intelligence économique au suivi de dossiers sensibles. Certains groupes de travail initiés par Alain Juillet ont abordé des problématiques nouvelles dans le domaine des sources ouvertes comme la manipulation et l’influence. L’intelligence territoriale est en cours de développement à travers la démarche expérimentale des pôles de compétitivité.
Quand on fait le compte, la petite cellule d’Alain Juillet n’a pas démérité. Mais il n’en demeure pas moins vrai que des dossiers majeurs sont restés en suspens. Le premier est celui de la formation et des réformes à entreprendre dans notre système éducatif. Le constat est simple à faire : les étudiants ont une carence majeure en termes de culture générale à l’égard de l’information et de son usage dans le développement des entreprises et des territoires. Cela s’explique notamment par la faillite du programme ES des lycées qui est totalement obsolète par rapport aux réalités du monde actuel. Il est incompréhensible qu’un appareil d’Etat soit incapable d’impulser la refonte fondamentale d’un tel programme qui impacte les élèves des classes de seconde, et la filière ES de première et de terminal.
Ces déficiences endémiques se répercutent depuis des années aux différents niveaux des cycles de formation universitaires. Il n’est pas normal que la grande majorité des étudiants en Bac +5 ou 6 ignorent ce qu’est l’Institut national de la Propriété Industrielle, à quoi sert l’ANVAR, ou comment différencier l’offre publique et privée d’informations à un niveau local, national ou international. Ces lacunes pédagogiques handicapent les jeunes diplômés dans leur approche opérationnelle de la compétition mondiale.
Il existe aussi une autre dimension du bilan d’Alain Juillet qui mérite d’être explorée, le rôle de l’Etat dans la politique publique d’intelligence économique. Alain Juillet a toujours présenté l’Etat en tant qu’accompagnateur des entreprises afin qu’elles abordent la compétition « à armes égales » avec leurs concurrents étrangers. Les enjeux stratégiques sur l’énergie, les matières premières, l’eau et l’environnement sans oublier les plans de sauvetage étatique des banques et de secteurs industriels démontrent que l’Etat a aussi une mission de régulation et stratège que les entreprises et les milieux financiers se sont révélées incapables de remplir dans un but de sauvegarde de l’intérêt collectif. Et c’est là justement que se situe aujourd’hui l’apport déterminant de l’intelligence économique.
La finalité d’une entreprise n’est pas la même que la survie d’une population sur un territoire. L’historien Fernand Braudel nous l’a expliqué dans ses écrits. Il est temps de transposer cette vision de bon sens dans notre pratique quotidienne du développement. Un chef d’entreprise se doit de faire du profit. Un pouvoir politique est élu pour aider un peuple à exister. C’est la grande différence mise en exergue par la crise actuelle. L’intelligence économique est à ce titre un instrument de pilotage essentiel des ressources informationnelles d’un pays. C’est aussi le cas pour le management de l’information appliqué à la conquête des marchés par les entreprises. Cantonner l’IE à des opérations limitées sur des marchés stratégiques est déjà un acquis appréciable mais qui reste insuffisant pour affronter les épreuves à venir. Dans ce dossier, une voix ne s’est pas encore faîte entendre, celle du député Bernard Carayon, qui, ne l’oublions pas, a rédigé deux rapports essentiels sur la question à la demande des deux premiers ministres sous la Présidence de Jacques Chirac.
Christian Harbulot