En 2009, à quoi servent encore les détectives privés ?
Loire le 28.06.2009 04h00 1/2 – Un véhicule aux vitres teintées, des jumelles, un caméscope… autant de matériel utile pour les filatures et les surveillances. « Mais si on n’a pas l’œil, ça ne sert à rien » confie André Murat, un vieux routier de la profession / Yves Salvat
On reste sur le cliché du délit d’adultère mais, de nos jours, les missions des détectives se diversifient. Reportage au sein de l’agence Désormière, le plus ancien cabinet de la Loire
On ne s’attendait pas à trouver pareille mission au sein d’un cabinet de détectives. Et pourtant, « le travail se diversifie » confie André Murat, un vieux routier de la profession. « Certes, encore 50 % de nos missions sont liées à des problèmes familiaux (divorces, gardes d’enfants, problèmes de pensions alimentaires…). Mais le reste concerne le monde économique : vols de produits, concurrence déloyale, vérification de CV, d’arrêts maladies… ». Certains se spécialisent aussi dans la contre-enquête pénale (lire ci-dessous).
Le tarif est le même quelle que soit la mission : 71 euros de l’heure TTC. Après, selon le travail à effectuer, « il faut compter entre 15 et 30 heures ».
Actuellement, les deux détectives ont une dizaine d’affaires en cours. « Le travail est très irrégulier. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas faire ce métier pour l’argent. Même si on gagne correctement notre vie, ça reste mal payé comparé aux emmerdes que ça peut rapporter ».
Car le métier a encore mauvaise image. « Ca va mieux depuis 2003 et une loi qui réglemente la profession. Mais auparavant, combien j’en ai vu qui montaient leur cabinet en pensant faire du pognon, et qui ne tenaient pas six mois… ».
L’apparition d’internet facilite désormais le travail. Au point même, parfois, de ne plus avoir à faire de terrain : « J’appelle ça les enquêtes fauteuils : celles qui nécessitent juste des vérifications administratives, que l’on peut faire via l’ordinateur et le téléphone ». Mais on sent bien que ce n’est pas ce qu’il préfère.
Le secret d’un bon détective ? « Avoir l’œil. Pas besoin de matériel sophistiqué si vous n’êtes pas attentif à ce qui se passe. Si vous lâchez d’une seconde la personne que vous surveillez, c’est cuit ».
L’autre qualité indispensable, c’est la discrétion. Discrétion sur le terrain, pour ne pas se faire repérer, mais aussi discrétions sur les informations récoltées. « Mais il n’y a pas de miracle, pour être détective, il faut du sérieux et du travail, comme n’importe quel métier ».
Pour cette nuit devant la discothèque, pas de chance : l’employé n’a pas été vu. « On va vérifier de nouveau. Mais si ça se trouve, il n’a rien à se reprocher ». Les détectives feront ensuite leur rapport et la mairie sera rassurée. « C’est un luxe dans notre métier : on n’est pas payé au résultat, quel qu’il soit. Alors on se doit d’être le plus objectif possible ».
Jean-Hugues Allard
Enquêter pour les cabinets d’avocats, un marché en devenir
Jeune, jolie, titulaire d’un master en droit des entreprises, Sabrina Hamoudi est loin de l’image qu’on peut se faire des détectives privés. Une image qu’elle souhaite changer sur la forme, mais aussi sur le fond.
A 28 ans, elle vient de fonder l’Agence de recherches pour la défense des droits (ARDD). Le nom n’est pas anodin car elle souhaite privilégier « la contre-enquête pénale ». C’est-à-dire enquêter pour le compte d’avocats, afin qu’ils prouvent l’innocence de leurs clients.
Cette pratique est courante dans les pays anglo-saxons, mais peu répandue en France. Toutefois, si les juges d’instruction venaient à disparaître, comme l’a suggéré Nicolas Sarkozy, « les avocats devront trouver eux-mêmes des éléments pour défendre leurs clients », explique Sabrina Hamoudi. « C’est là que nous, les agents de recherche privés, pouvons intervenir ».
C’est pourquoi, depuis six mois, elle prospecte régulièrement auprès des cabinets d’avocats pour proposer ses services. « Sans grand succès jusqu’à présent » reconnaît-elle. « Mais ils n’ont pas encore l’habitude de ce genre de démarches ». En attendant, les affaires d’adultères ou de contre-espionnage pour le compte d’entreprises la font vivre. « Ca reste, pour l’instant, l’essentiel du métier. Mais j’espère bien que ça ne durera pas ».
Au fait, pourquoi s’être lancée dans cette profession ? « J’hésitais déjà entre avocat et détective lors de mes études de droit. Et c’est quand je préparais le concours d’avocat que j’ai réalisé que je ne voulais pas rester enfermée dans un bureau ». Un stage chez Roger-Marc Moreau, l’un des détectives français les plus en vue (il a contribué à l’acquittement d’Omar Raddad), la convaincra définitivement de son choix.
J.-H.A.
repères
Agrément préfectoral obligatoire
Ne pas avoir été condamné et détenir un certificat professionnel sont les deux conditions pour obtenir une autorisation préfectorale, obligatoire pour pouvoir exercer.
Cinq agences dans la Loire
Officiellement, la préfecture recense vingt agences de détectives. Mais la plupart ont fermé et il y en aurait, selon nos recherches, pas plus de cinq.
Trois formations reconnues
La profession a fait le ménage et elle ne reconnaît que trois formations. Plus d’infos sur le site de la chambre professionnelle des détectives : www.cnsp.org
http://www.leprogres.fr/fr/region/la-loire/loire/article/1740107,182/En-2009-a-quoi-servent-encore-les-detectives-prives.html
Une information que je tiens à vous apporter , l agence DESORMIERE , que j ai exploitée de 1966 à 1997 , à SAINT ETIENNE .
Cette agence je l ai vendu à Monsieur André MURAT .
A ce jour l agence DESORMIERE n existe plus malheureusement .
Andre MURAT en est le liquidateur .
Il a exploité cette affaire pendant moins de 10 ans .
Alors lorsque l on lit … un vieux de la vieille du métier de detective privé , je souris .