Encore des espions chez les écolos …
Après la police, c’est maintenant au tour des multinationales d’être pointées du doigt. Elles auraient fait appel à des sociétés privées qui ont infiltré les mouvements écologistes, révèle une enquête du Guardian.
Trois grandes compagnies du secteur énergétique ont commandité des missions d’espionnage au sein des mouvements écologistes, a révélé le Guardian le 14 février. Le géant de l’énergie E.ON, le deuxième producteur britannique de charbon Scottish Resources Group, et Scottish Power [qui appartient depuis 2006 à l’énergéticien espagnol Iberdrola], l’un des premiers producteurs d’électricité, se sont offert les services d’une société de sécurité privée chargée de surveiller en toute discrétion les activités de certains militants.
Les documents obtenus montrent comment la directrice de cette société de sécurité, Rebecca Todd, a renseigné la direction des grands groupes sur les projets des écologistes, à partir des fouilles effectuées dans leurs e-mails. On la voit également ordonner à un de ses agents d’assister à des rassemblements de mobilisation et lui apprendre à se faire bien voir des écolos.
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Aujourd’hui, l’enquête du Guardian apporte de nouveaux éclaircissements sur les méthodes de ces sociétés privées, dont les agents s’inscrivent comme des militants lambda sur les listes de diffusion et, pour certains, s’infiltrent en profondeur et sur plusieurs années dans les mouvements militants.
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Depuis trois ans, Rebecca Todd met elle-même la main à la pâte, et utilise différentes adresses électroniques pour s’inscrire sur les listes de diffusion de toute une série de mouvements écologistes à l’origine d’importantes manifestations. Comme celle organisée lors du G20 à Londres, contre la centrale électrique d’E.ON à Kingsnorth [dans le Kent] ou encore contre l’extension de l’aéroport de Heathrow. Via ses emails, elle est informée des échanges au sein de ces mouvements et apprend à l’avance l’organisation des manifestations.
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E.ON assure avoir fait provisoirement appel aux service de Vericola et de Global Open, une autre société de sécurité, car ses responsables souhaitaient savoir quand les écologistes allaient manifester ou s’ils comptaient envahir des centrales et d’autres sites, comme ils l’avaient fait par le passé. Le porte-parole d’E.ON précise que Vericola ne devait collecter que des informations publiques, et que Si Todd et ses collègues se sont procuré des informations privées, ils ont agi “de leur propre chef”. SRG et Scottish Power se sont refusés à tout commentaire.
Par Rob Evans & Paul Lewis pour The Guardian
En savoir plus :
http://www.courrierinternational.com/article/2011/02/17/encore-des-espions-chez-les-ecolos