Vie quotidienne. Tous fichés !
Posté par Arnaud Pelletier le 11 juillet 2008
Carte bancaire, carte de fidélité, internet, caméras de surveillance, puces RFID, fichiers en tous genres… Difficile de ne pas laisser un peu partout des traces. La « société de surveillance » est-elle en train de se généraliser insidieusement ?
C’est un internaute assidu. Appelons-le XY. Avant de partir au travail, il décide d’aller faire un petit tour sur la toile. Un geste devenu courant, banal. Mais pas si anodin que ça. En se connectant sur Yahoo ce n’est pas moins de 811 informations que cet internaute va fournir sur lui au moteur de recherche
grâce aux cookies et autres petits programmes espions. Microsoft est aussi très bien renseigné. La firme de Redmond sait tout ou presque des habitudes informatiques de XY grâce à son logiciel Windows update qui peut transmettre la liste de tous les logiciels présents sur l’ordinateur. Au nom de la lutte contre le piratage et la sécurisation des PC toutes les activités de XY sur internet sont suivies à la trace.
Pas de parano mais quand même
En juin dernier les données confidentielles de 500.000 Allemands, dont l’appartenance religieuse, ont été accessibles sur internet. Tout ça à cause d’un problème avec un mot de passe. Au travail XY n’est pas forcément plus tranquille. Dans son entreprise, les nouvelles technologies sont de plus en plus présentes. La biométrie, la gestion informatisée des carrières, la géolocalisation et autres instruments s’installent petit à petit… D’où son sentiment déplaisant de faire l’objet d’une surveillance permanente. Il n’est pas le seul. De plus en plus de salariés ont cette impression désagréable. Au point que la pourtant très mesurée Commission informatique et liberté, la Cnil, s’en inquiète et vient de se fendre d’un petit rappel à l’ordre. « L’informatisation accrue du monde dans lequel évoluent les salariés impose une réelle prise en compte de l’ensemble des dispositions de la loi « informatique et libertés » par l’employeur afin de garantir le respect des droits et des personnes, » dit la Cnil.
« Fonction sournoise »
Mais si le salarié peut se sentir « suivi » que dire du consommateur ? Lorsque XY fait ses courses en revenant du travail, il donne à la caissière de son magasin favori sa carte de fidélité pour y cumuler des points ou des euros. Normal, il n’y a pas de petites économies. Sauf qu’en même temps ce sont toutes les informations qu’il a fournies lors de l’établissement de cette carte qui vont pouvoir être associées dans la base de données du magasin au ticket de caisse. C’est-à-dire son nom, son âge son adresse, sa profession… Les fameuses cartes de fidélité ne servent pas qu’à faire gagner quelques euros. Comme l’explique très bien le magazine l’UFC-Que Choisir dans une enquête, ces cartes ont « une autre fonction bien plus sournoise celle-là : le fichage permanent des consommateurs ». Un moyen pour le magasin « d’avoir une connaissance très fine de leurs clients, de leurs habitudes de consommation et d’adapter ainsi leur stratégie marketing. »
« Liberté entravée »
Comme tout le monde ou presque, XY a un téléphone portable. Un téléphone qui bientôt permettra à ses amis de le localiser. En Angleterre, c’est déjà possible. Pratique dans certaines situations mais c’est le contrôle des déplacements de XY qui devient possible. « Du lever au coucher, nous sommes soumis à des contrôles géographiques qui entravent notre liberté fondamentale d’aller et venir », reconnaissait récemment Alex Türk, le président de la Cnil. Jusqu’où ne pas aller ? En 2007 la Cnil a enregistré 4.455 plaintes pour non-respect des données personnelles. Une augmentation de plus de 25 % par rapport à 2006.
Et si le citoyen, inquiet d’un scénario à la Orwell, commençait à se réveiller ?
Dossier réalisé par Yvon Corre
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