En prison pour viol, son accusatrice se rétracte
Loïc Sécher, condamné à seize ans de prison en 2003, est incarcéré à Nantes. La jeune fille qui l’accusait de viol dit, aujourd’hui, avoir menti.
ANCENIS. – En décembre 2003, la cour d’assises de Loire-Atlantique condamnait Loïc Sécher à seize ans de réclusion criminelle pour viols, tentatives de viol et agressions sexuelles sur mineure. Un verdict confirmé en appel par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine, en 2004, puis par la Cour de cassation en 2005.
Âgé de 47 ans, l’homme purge sa peine à Nantes. Il a déjà passé six années derrière les barreaux. Aujourd’hui, un élément nouveau pourrait permettre de rouvrir son dossier. La jeune femme qui l’accusait le dit innocent.
Ni tests ADN, ni confrontation
L’affaire débute en 2000, à La Chapelle-Saint-Sauveur, un village de 700 habitants, en Loire-Atlantique. Une adolescente, âgée de 14 ans, accuse Loïc Sécher de viols, tentatives de viol et agressions sexuelles répétées. L’homme, célibataire, habite son quartier et connaît sa famille. La jeune fille est fragile psychologiquement, mais jugée crédible par trois experts psychiatres au cours de l’instruction.
Fils d’agriculteur, ouvrier arboricole, puis employé dans un golf, avant de se retrouver au chômage, Loïc Sécher, sans antécédent judiciaire, clame son innocence. Aucun test ADN n’est pratiqué, aucune confrontation n’a lieu. Sur la foi des déclarations de la jeune fille et de rapports médicaux indiquant qu’elle a subi des violences, il est condamné. « Au début, il en voulait à la terre entière. Puis, converti à l’Islam, il disait qu’Allah jugerait les siens, mais que lui n’avouerait jamais un crime qu’il n’avait pas commis », se souvient Maurice Thareau, membre du comité de soutien Justice et Vérité, qui compte 200 membres et aide Loïc Sécher depuis 2006.
Demande de révision
En avril dernier, la jeune femme, âgée maintenant de 22 ans et hospitalisée pour ses difficultés psychologiques, revient sur ses déclarations. D’abord en privé, puis devant les gendarmes, qui l’ont entendue début juillet. Elle n’explique pas son revirement ni ce qui se serait passé à l’époque. Mais, cette fois encore, elle est jugée crédible par les spécialistes. « Elle a le courage de dire que Loïc Sécher est innocent, salue son avocate, Me Cécile de Oliveira. On espère qu’il pourra être rejugé. »
C’est, bien sûr, aussi l’objectif de Me Yann Choucq, l’avocat du condamné. Il déposera, cette semaine, une requête en révision du procès ainsi qu’une demande de suspension de peine auprès de la Cour de cassation.
Pour Cécile de Oliveira, il faut s’interroger sur les débuts de l’enquête, sur « le recueil initial de la parole de l’adolescente qui s’est ensuite murée dans le mutisme ». Yann Choucq dénonce, lui, « un tel conditionnement de la société dans le compassionnel qu’il faut un coupable ! »
S’il est blanchi, Loïc Sécher demandera réparation pour ses années de prison. D’après son avocat, il n’en veut pas à la jeune fille. « Il dit qu’elle souffre et n’est pas forcément responsable de son malheur. »
Claire DUBOIS.