Comment disparaître sans laisser de traces ?
Une famille ou une personne seule qui disparaît, intentionnellement, du jour au lendemain, c’est possible, mais c’est difficile…
«C’est un art de disparaître».
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Certes, «chacun a le droit de disparaître et c’est possible», estime le détective, mais «c’est de plus en plus difficile» à une époque où tout le monde est «traqué et fiché de partout». Pour passer entre les mailles du filet, il faut être un véritable spécialiste. Alain Bernier cite notamment les escrocs, ces «menteurs professionnels», qui ne doivent leur échec qu’à leurs propres erreurs.
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- Changer d’identité et de date de naissance
A moins de vouloir vivre comme un ermite dans une grotte, c’est un sacrifice à faire pour rester inséré dans la société et pouvoir accéder à tous les services offerts par celle-ci et impliquant de donner ses coordonnées. Pour les plus extrémistes, la chirurgie esthétique est également un bon moyen de ne plus être reconnu.
- Partir à l’étranger
C’est un grand classique. Alain Bernier cite l’Amérique du Sud parmi les destinations préférées des disparus volontaires «parce qu’il y a moins de contrôle et de flicage». Enfin, «cela dépend des pays».
- Payer en liquide
La carte bleue est à proscrire parce qu’elle suit les paiements à la trace. Les espèces, elles, ne laissent aucune trace de son passage, mais à moins de partir en cavale avec un pactole, difficile d’arriver à vivre bien longtemps uniquement avec ce moyen. Ou alors, il faut trouver un petit boulot au noir.
- Ne pas téléphoner
Le téléphone portable est l’autre élément le plus handicapant pour une disparition en raison de son pouvoir de géolocalisation. «Il faut enlever la batterie pour être sûr de ne pas être repéré», ajoute Alain Bernier. Le retour à l’usage des bonnes vieilles cabines téléphoniques est donc de rigueur.
- Payer ses transports à l’unité
De plus en plus de villes proposent des systèmes de carte d’abonnement à puce (Navigo à Paris), hors tous vos déplacements y sont enregistrés. Le ticket traditionnel est à privilégier.
- Eviter les lieux publics et les commerces
La vidéosurveillance est de plus en plus répandue, principalement dans les grandes agglomérations, mais également au sein même des commerces, par mesure de sécurité. Partisan d’un anonymat maximal, Jean-Pierre Petit, l’un des fondateurs du collectif «Souriez, vous êtes filmés», expliquait son quotidien à 20Minutes: «Je ne fréquente pas certains magasins.
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- Echapper au système
«Chaque fois que l’on commet un acte, on atterrit sur un fichier quelconque», caricature Alain Bernier. Mais il est vrai que la citoyenneté doit être réduite au minimum: plus question de payer d’impôts ou de voter. Il faut aussi veiller à ne pas tomber malade parce qu’il est également nécessaire de se passer de la carte vitale et ce n’est pas simple. «J’ai tenté de m’en passer, mais j’ai eu trop de problèmes. J’ai été obligé de la reprendre», raconte Jean-Pierre Petit.
- Bannir toute vie sociale
La discrétion est de mise, le simple fait de parler à ses voisins peut constituer une erreur fatale. De la même manière, il convient de bien se comporter, car le moindre contact avec les autorités est éliminatoire.
- Partir seul
Plus on est de fous, plus on rit, mais plus on laisse de traces aussi. Il n’y a que la solitude qui vaille dans une disparition réussie.
Il existe sans doute encore beaucoup de manières de s’évanouir dans la nature et, d’après Alain Bernier, «celui qui veut disparaître, il y arrive». Cependant, «à moins de se faire couper les dix doigts», le détective estime que nul ne peut vivre à jamais en échappant au reste du monde: «Il y a toujours un moment où nos traces refont surface».