Un détective privé (ARP) en 10 questions …
- 1. Qu’est-ce qui fait la particularité d’un détective privé en milieu rural ?
D’après ce que l’on m’a dit à la préfecture, il y a eu des tentatives dans le département mais personne n’est jamais resté. J’ai réussi, mais il a fallu s’accrocher au début. Du premier jour où j’ai commencé, mon activité a toujours augmenté.
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- 2. Autre particularité des Hautes-Alpes : son climat, avec le froid, la neige, le vent…
Là, il n’y a pas trop le choix : il faut se couvrir. Je n’ai pas eu besoin de m’acclimater, peut-être parce que je suis slave, alors je n’ai jamais froid dehors ! Plus que le froid, en hiver, la difficulté vient des conditions de nuit pour faire des photos.
- 3. Avez-vous déjà refusé des demandes et pour quelles raisons ?
Il faut que la demande soit légale et légitime. Il m’arrive souvent que des beaux-parents veuillent enquêter sur le beau-fils ou la belle-fille. C’est le genre d’affaire que je refuse parce que je ne trouve pas cela légitime. Il y a aussi ceux qui demandent de retrouver des amis d’enfance.
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- 4. Parmi les affaires que vous avez acceptées, quelles sont les plus étonnantes ?
J’ai eu plusieurs affaires de harcèlement. Il faut vérifier si le client n’est pas parano. Une dame, qui était sûre que l’on rentrait chez elle en son absence, m’avait convaincu du bien-fondé de l’enquête à mener.
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- 5. Lors des assises générales de la profession en 2009, il a été dit que « 95 % des infos pouvaient être trouvées sur Internet ». Qu’en pensez-vous ?
C’est exagéré. Bien sûr, un détective travaille avec un ordinateur. Ne pas s’en servir serait une erreur. Il n’est pas utile de connaître des techniques particulières pour trouver les informations. Cela n’a pas changé la face de notre profession mais on apprend beaucoup de choses via les réseaux sociaux.
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- 6. Peut-on avoir une vie sociale en dehors de ce métier ?
J’ai des rapports sociaux intéressants, c’est un métier très riche et soudé. Toute la journée, on reçoit des mails de collègues qui demandent des informations, également ceux d’un juriste qui nous informe de l’évolution des lois. Aucun détective ne laissera tomber un autre.
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- 7. Un détective privé aime-t-il regarder et lire les aventures du genre ?
La profession a des rapports assez épidermiques là-dessus car on montre toujours le détective en train de forcer une porte ; ça donne une fausse image. Je fais la part des choses parce qu’en tant qu’ancien policier, j’ai été habitué aux feuilletons qui montrent des choses inexactes.
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- 8. Quel héros de film ou de la littérature vous semble le plus proche de la réalité ?
Dans le modus operandi, c’est Nestor Burma qui correspondrait le plus. Même s’il faut indiquer qu’il commet aussi des actes interdits comme entrer avec des fausses clés ou être armé.
- 9. Combien de temps au maximum peut durer une affaire ?
Le détective étant payé au temps qu’il passe – 600 euros par jour -, il faut évaluer avec le client dès le départ si elle prendra plutôt 20 ou 30 heures. Si je dépasse, je ne fais pas payer. Avec la crise, on est obligé de travailler au forfait.
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- 10. Vous a-t-on déjà suivi ?
Non. Par contre, j’ai déjà décroché des filatures qui devenaient chaudes. On risquait de me repérer. Parfois, le problème, c’est que les clients ne disent pas tout : ils ont eux-mêmes passé un mois à filocher ! Alors, on se retrouve derrière un conducteur sur ses gardes qui se comporte comme un professionnel.
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Par Nicolas MORTREUX pour ledauphine.com
En savoir plus :
source http://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2013/02/06/10-questions-a-un-detective-prive