« Quand j’étais petite, je voulais être agent secret »
Détective privé. Un job romantique qui fait parfois rêver. Qui n’a jamais imaginé un jour être dans la peau d’un Sherlock Holmes ou d’un Rouletabille ? Oui, seulement voilà : la vérité est souvent bien loin de la littérature du genre. Alors que dans d’autres pays européens, la profession a pignon sur rue et place assise dans les tribunaux, en France, les privés se font plutôt discrets. Alors imaginez dans les Landes, à Mont-de-Marsan !
Marie-Francoise Hollinger est pourtant installée depuis 1988. Son site Internet est assez bien référencé, et son champ d’action dépasse largement les Landes. Son quotidien, c’est recherches, investigations, et même filatures. Elle reconnaît que cela ne lui permet pas toujours de payer son loyer, mais on la sent totalement impliquée dans sa mystérieuse entreprise.
Quand Internet n’existait pasDe prime abord, Marie-Françoise n’apparaît pas fatalement « crédible » en détective privé. C’est peut-être cette discrétion qui fait sa force. « Quand j’étais petite, je voulais être agent secret. Finalement, j’ai été la première femme flic au commissariat de Bordeaux. Mon mari était militaire et quand il a été muté, je l’ai suivi. Lorsqu’il est décédé, j’ai voulu réintégrer la police. Mais il fallait repasser des examens et je n’avais plus le courage, ni l’envie d’avoir quelqu’un sur le dos. Moi, ce qui me plaisait, c’était l’investigation. »
Et pourquoi pas ? À l’époque, faire surveiller sa femme est à la mode et les textos coupables n’existent pas. « Tout le monde pouvait travailler. Mais la profession s’est progressivement réglementée. Je suis rentrée dans une agence de détective à Bordeaux, à une époque où il n’y avait pas besoin d’une formation particulière. Il y a beaucoup d’anciens flics. Depuis 2003, on est obligé d’avoir une qualification professionnelle. Pour exercer, il faut également demander un agrément à la préfecture… »
Pas que des adultèresAujourd’hui, Marie-Françoise considère que la profession a beaucoup évolué : « Je crois qu’il faut changer l’image de notre métier. Nous ne faisons pas que des affaires d’adultère ! Nous, on est mandataire en matière de recherche de preuve. Beaucoup de nos clients sont des entreprises qui veulent savoir qui pique dans la caisse, par exemple. On a eu récemment un directeur commercial en produits régionaux qui revendait des foies gras à son compte. Je crois que les entreprises préfèrent que ce genre d’histoire se règle discrètement, pour éviter la mauvaise publicité. »
Et les divorces ? « Il y a beaucoup moins d’affaires d’adultère qu’autrefois. Désormais, nous intervenons beaucoup plus après les divorces, en cas de garde alternée, pour surveiller l’ancien conjoint. »
Marie-Françoise pense à l’avenir de son job. « Avec la loi Loppsi 2 (1), nous avons obtenu la création d’un conseil national, qui va regrouper les représentants de la profession. » Bientôt, les détectives privés auront une carte professionnelle.
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(1) Loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure.
Par Arnauld Bernard pour sudouest.fr
En savoir plus :
http://www.sudouest.fr/2010/11/24/quand-j-etais-petite-je-voulais-etre-agent-secret-247984-748.php