L'intelligence économique se réveille
Une veille capitale. La guerre économique redouble d’intensité avec la crise. » Plus que jamais, les entreprises doivent chercher de nouveaux débouchés et ont intérêt à détenir les informations avant leurs concurrents « , estime François Jeanne-Beylot, gérant de Troover, un cabinet de recherche d’informations et de veille sur Internet. D’où le regain d’intérêt actuel vis-à-vis de l’intelligence économique (IE).
Mondialisation et Internet. Apparue il y a près de 15 ans, via le rapport Martre, œuvre collective de l’ex-Commissariat au Plan (devenu aujourd’hui le CAE), cette dénomination recouvre l’ensemble des outils et méthodes de recherche et d’analyse de l’information, susceptibles d’aider les entreprises à se protéger, mais aussi à conquérir des marchés. A la différence du renseignement ou de l’espionnage industriel, ces informations sont accessibles à tous, notamment grâce à Internet. » Le secteur de l’IE est porté à la fois par la mondialisation qui accroit la concurrence entre les entreprises et par le développement exponentiel des informations disponibles « , souligne Jean-Bernard Pinatel, président de la FEPIE*, qui regroupe une quinzaine de cabinets spécialisés en intelligence économique.
Des cellules IE dans les groupes. » Les cycles de ruptures technologiques sont de plus en plus courts. Nous assistons à une véritable course à l’innovation dans laquelle les entreprises sont obligées de se tenir au courant de ce que font leurs concurrents « , renchérit Frédéric Leclerc, directeur pédagogique de l’EEIE**. Une prise de conscience qui profite aux jeunes diplômés : des postes juniors de » chargé de veille » ou de » chargé de mission en veille économique » font leur apparition. Aujourd’hui, de Total à EADS, en passant par Areva, L’Oréal, EDF et même Aéroports de Paris ou… La Poste, tous les grands groupes français disposent d’une cellule en IE.
Des postes en collectivité ou en cabinet. Problème : pas facile de postuler par candidature spontanée tant ces départements sont noyés dans les organigrammes. » Les cellules en IE peuvent être intégrées aussi bien dans les directions stratégiques, que dans les directions R&D, les directions marketing, voire carrément au sein de la direction générale « , observe Jean-Bernard Pinatel. Les collectivités territoriales constituent également un débouché privilégié pour les jeunes diplômés intéressés par l’IE. » Les préfectures de région et les CCI font presque toutes de l’intelligence économique. Quant aux Missions d’expansion économique ou aux agences régionales de développement économique, c’est leur raison d’être « , rappelle Gérard Hoffman, professeur en IE à l’ESCEM***. Enfin, les gros cabinets spécialisés, comme Geos, Serenus Conseil ou Kroll France, intègrent des consultants juniors.
Langues rares et informatique. Même s’il existe une trentaine de formations en IE, le métier n’est pas fermé aux jeunes diplômés généralistes. » Des docteurs en chimie ou des titulaires d’un master en biologie peuvent, après avoir été formés aux outils de veille, faire de l’intelligence économique. Ce qui compte, ce n’est pas de trouver l’information, mais d’être capable de l’analyser correctement « , résume Jean-Bernard Pinatel. Une bonne maîtrise de l’informatique est, toutefois, préférable. La pratique d’une langue rare (mandarin, farci, coréen…) est également très appréciée. Autre impératif : les jeunes professionnels de l’IE ne doivent pas être trop gourmands. Selon une enquête réalisée par Troover, le salaire moyen d’un consultant en intelligence économique se situerait entre 30 000 et 35 000 euros bruts par an.
* Fédération française de l’intelligence économique
** Ecole européenne d’intelligence économique
*** Ecole supérieure de commerce et de management Tours-Poitiers
http://jd.apec.fr/MarcheEmploi/Tous-les-focus/recrutement.jsp?delia=currentArticle_ART_57280||currentTopic_TOP_1541||motherTopic_TOP_1742