Détective privé, un métier en plein essor …
À l’image des 40 agents de recherches qui décrochent un diplôme chaque année à Montpellier, l’engouement est réel.
Fini l’autodidacte, gabardine élimée sur le dos et réserve de mauvais whisky sous le bureau. Rien ne distingue ces néodétectives de Monsieur Tout le Monde. Un seul cliché a survécu à la professionnalisation d’un métier rare : le constat d’adultère mais qui ne représente plus que 20 % de l’activité. « Justement, c’est les cocus que j’aime le plus ! », lâche cette étudiante soulevant le rire de ses camarades de promo. L’apprentie “agent de recherches” débute sa formation d’un an à l’Institut de formation montpelliérain (Ifar), dans les locaux du Greta au lycée Mermoz. La première et parmi les seules à délivrer un diplôme reconnu par l’État, avec Nîmes et Paris. Et obligatoire depuis 2003.
Sorte d’Agatha Christie au sourire éclatant, Juliette, 28 ans, bac + 5, qui s’installera à Paris, voit sa nouvelle activité comme le prolongement de son ancien métier de juriste d’entreprise et d’assistante de juge d’instruction. « Souvent, les clauses de non-concurrence ne sont pas respectées… » Dans l’ombre, elle tentera de débusquer ces « injustices ».
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L’engouement est réel : le 21 janvier, 150 détectives et des dizaines de jeunes ont suivi au Corum un séminaire sur la lutte contre l’espionnage industriel, concurrence déloyale, contrefaçon, escroquerie…
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Éternellement jeune, cette profession est vieille comme le monde et évolue à son image. « Certes, l’info primaire est plus accessible qu’avant, notamment sur le net, mais il y aura toujours l’info cachée que l’on obtient avec filatures ou en interrogeant des gens », explique Yves Conversano, président de la Confédération nationale des détectives et directeur de l’Ifar. Surtout qu’un business se fait jour : le monde de l’entreprise. « Notre société moderne vit à pleine vitesse et crée ses propres problèmes et donc ses nouveaux besoins d’investigations. » Exemples : un patron s’interrogera sur l’absentéisme d’un salarié suspect d’élaborer une concurrence déloyale, d’espionnage industriel.
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Peu d’élus…
La France compte 3 000 détective, soit une vingtaine par département (200 à Paris et 80 à Marseille). La formation est sélective : « A Montpellier, sur 200 candidats chaque année, 80 passent un entretien et 20 sont finalement retenus. Il faut de la sagacité, le goût de la recherche et de l’empathie. » Vingt autres candidats suivront, eux, une formation de directeur d’agence. Le cursus est payant (3 200 €/an et 5 200 € pour un directeur d’agence) et peut être subventionné par le conseil régional.